« De la rue à la présidence ». Retour sur une enquête de long cours à Mexico. Entretien avec Hélène Combes

Le 2 juin prochain se tiendra l’élection présidentielle au Mexique. Sans grand suspense, le pays aura une femme présidente : seules trois personnes sont en lice dont deux femmes. La première, Claudia Sheinbaum, est la candidate du parti au pouvoir, la seconde Xóchitl Gálvez est soutenue par une coalition des principaux partis d’opposition. Hélène Combes évoque ici son nouvel ouvrage De la rue à la présidence. Foyers contestataires à Mexico (CNRS Editions) dans lequel elle étudie sur le long cours les modalités d’implantation du nouveau parti Morena au Mexique. Dans cette enquête qui s’est étalée sur quinze ans, elle a notamment suivi Claudia Sheinbaum,  aujourd’hui grande favorite du scrutin présidentiel.

Je crois que, d’une certaine manière, ce qui fait l’originalité de cet ouvrage, et peut être aussi sa force, c’est justement qu’il n’y a pas eu de genèse. Je ne me suis pas dit à un moment, par exemple en 2015 ou en 2018 : « Tiens, il y a eu quinze ans de mobilisations à Mexico. Il y a eu la création d’un nouveau parti Morena. Je vais enquêter sur ces événements et je vais reconstituer ce qui s’est passé. » À partir de 2006, lorsque débute ce qui est narré dans cet ouvrage, j’ai effectué des séjours de terrain très réguliers, parfois durant plusieurs mois par an. J’ai suivi ces mobilisations en situation, avec toutes les incertitudes inhérentes à l’action collective. En observant les succès, mais aussi les échecs oubliés, tous les bricolages organisationnels qui ont présidé à la construction du parti Morena mais qui ont évidemment été gommés par sa victoire en 2018, je livre une analyse située dans le temps et toute en nuance, montrant les tâtonnements et l’incertitude qui débouchent finalement sur un succès difficile à anticiper.  

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